Dans l’enquête sociologique « Ma Radio », attachement et engagement, Hervé Glevarec, directeur de recherche au CRNS, analyse le rapport des auditeurs à la radio. Alors que sa consommation fléchit peu malgré l’éclatement des pratiques médiatiques sous l’effet du numérique, la radio bénéficie d’une affection particulière de la part des usagers. Si les chiffres d’écoute en direct sont en légère baisse, notamment du côté des jeunes, le numérique lui fait gagner une dimension d’audiothèque en permettant de réécouter une émission.
Le lien entre la radio et les auditeurs est fort avec un processus d’identification. On a « sa radio ». Lors des entretiens sur un échantillon représentatif d’une vingtaine d’auditeurs, l’auteur a été frappé par les expressions du type « c’est ma radio », « je m’y retrouve, je ne m’y retrouve pas », « ce n’est pas moi, c’est moi »… On se reconnaît dans une radio par la musique prioritairement, mais aussi par la façon de s’adresser aux gens, par l’humour, par les sujets traités. La radio est faite d’appartenances générationnelles et d’identités. C’est aussi un média diversifié politiquement, socialement, musicalement et qui conserve aussi une forte dimension locale. L’auditeur fait un choix de radio, car il est d’ailleurs rare de rencontrer des auditeurs éclectiques écoutants de nombreuses radios. D’après l’auteur, la radio engage trois temps différents :- Temps retrouvé : elle permet de retrouver, notamment au travers de la musique, des titres, des genres musicaux auxquels on est attaché par génération.
- Temps représenté. Écouter une radio nous donne un certain âge ou nous place face à votre âge.
- Temps présent, qui est un temps essentiel comme le dit patron de Skyrock, Pierre Bellanger, patron de Skyrock : « La radio est la présence au présent. » On écoute la radio au moment même pas dans une heure. C’est un ingrédient important pour l’actualité.
Le prime time de la radio demeure le matin. Aidée des nouvelles technologies, la radio est accessible facilement entre le lit, la salle de bains, la cuisine, la voiture… Il y a une continuité auditive que ne permet pas tout à fait la télévision ou Internet. Si elle continue à maintenir les fonctions qu’elle satisfait pour les auditeurs, en étant présente et réactive et qu’elle permet l’identification, la radio va perdurer. « Ma radio », attachement et engagement : Enquête de réception auprès d’auditeurs : 6 €